Une eau si pure…
Une eau si pure qu’elle ne gèle pas en dessous de zéro degré ? Cela bouscule ce que l’on pense communément mais c’est possible ! Ce phénomène porte un nom, « la surfusion ». Quelques explications avant de voir comment on peut utiliser le phénomène dans le jeu de rôle.
Avant-propos :
Prenons les nuages comme exemple.
Les nuages sont une accumulation de minuscules goutelettes d’eau en surfusion. L’air est si pur à l’altitude où ils évoluent qu’aucune solidification ne s’opère (aucune glace ne se forme)… à moins que des impuretés ne soient apportées, par ex. par le passage d’un avion… d’où les systèmes de dégivrage sur ces derniers.
La surfusion est un donc état de la matière qui ne peut se produire qu’avec un liquide très pur et ne contenant pas de germes cristallins. C’est cette extrême pureté du liquide qui ne permet pas à la cristallisation (au gel) de prendre alors que la température est pourtant inférieure à 0°. C’est alors que la moindre perturbation déclenche un changement d’état brutal et une solidification quasi instantanée, brisant en quelque sorte l’état de surfusion.
Curzio Malaparte, dans son roman « Kaputt », s’appuie sur ce phénomène lorsqu’il évoque des centaines de chevaux fuyant un incendie de forêt. Les chevaux de l’armée soviétique (l’histoire se situe durant le siège de Léningrad) s’emballent et traversent les flammes pour s’échapper… Les rescapés atteignent la rive du lac Ladoga et s’engagent dans l’eau… le lendemain, « […] Le lac ressemblait à une vaste surface de marbre blanc sur laquelle auraient été déposées les têtes de centaines de chevaux. […] ». Les impuretés apportées par les chevaux suffirent à déclencher une cristallisation extrêmement rapide de l’eau du lac, emprisonnant définitivement les pauvres bêtes.
Et le jeu de rôle dans tout ça ?!
La première fois que j’ai entendu cette histoire, j’ai de suite songé à un lieu mystique, haut perché dans le froid des montagnes, hors du temps et de la souillure des hommes… Imaginez une zone secrète et mystérieuse à laquelle on accède en suivant à l’oreille une cascade souterraine que seul peut entendre celui qui maintient sous sa langue une pierre des fées…
Imaginez qu’au terme d’une longue et difficile écoute attentive, le curieux découvre une très grande clairière enclavée dans un anneau de roches rebelles… le froid est saisissant, le paysage féérique qui s’offre à ses yeux l’est tout autant.
Une herbe d’un vert profond entoure un lac d’un bleu intense, la pureté de l’eau est telle que le décors du fond de l’eau se mêle aux reflets du paysage extérieur pour former à la surface du lac, un nouveau paysage, aussi magnifique que surréaliste.
Quelques pas en avant.
L’herbe plie et se redresse aussitôt le pied levé…
Un petit îlot de terre émerge fièrement de l’eau, au centre du lac, occupé uniquement par un arbre gigantesque. Un arbre aux branches massives et dénudées, un arbre qu’éclairent les centaines de lumières bleutées qui maintenant s’illuminent progressivement, donnant un instant l’illusion d’un feuillage retrouvé.
L’eau du lac est bien entendu en surfusion. La zone est une zone de féérie. Les lumières ne sont autres que des « will of the wisp »… L’arbre est le foyer d’un seigneur de féérie, entouré de son peuple… et on ne dérange pas un seigneur de Féérie pour rien !
Mais que vient faire ce mortel en ce lieu ? Vient-il pour les bébés volés ? Comment a-t-il su pour le rituel de passage ? S’il tente de traverser l’eau s’en est fini de lui, aussi bien intentionné soit-il ! Sa pureté sera insuffisante… L’a-t-on mis en garde sur l’eau pure ? La bière délie un peu trop la langue des Korrigans d’en bas … en particulier celle de « Barbe à mousse » qui aime à susurrer à l’oreille du dormeur respectueux :
« Il se croit éternel mais finira poussière »
« Quelques grains suffiront pour commettre l’impair »
« Le pur est ainsi fait qu’il ne doit être troublé »
« A aucun autre prix que celui de la vie »
Nyogtha – inspiration libre (pour la partie féerie) –
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