[Source : Lin Carter – Nouvelle « Le Gardien de la Flamme Emeraude » traduite par Jacques Corday / « Héroic Fantasy 2 » / Presses Pocket ]
Une momie est un adversaire plus terrible qu’on le pense :
C’est alors qu’une main osseuse, pareille à une serre, se referma sur sa cheville avec toute la force d’une mâchoire d’acier .
[…] La main ressemblait aux griffes d’un aigle; et il n’en restait pas grand chose de plus qu’un os nu recouvert d’une peau jaunie et desséchée comme du parchemin sous laquelle couraient des tendons durcis. C’était la main d’une chose morte depuis longtemps… qui s’accrochait à sa cheville avec une vigueur et une tenacité incroyables.
[…] Une chair desséchée pendait par lambeaux d’un os brunâtre, mais la chose était pourtant vivante.
Le reste de la momie apparut bientôt, objet d’épouvante au visage brun et osseux aussi décharné que celui d’une tête de mort et au front duquel s’accrochaient encore quelques débris de chair jaunâtre. Les orbites étaient profondes comme un abîme de ténèbres mais il y brillait des yeux où dansait une flamme glacée de haine. Thongor pouvait voir que les globes occulaires ne ressemblaient plus qu’à des billes de mucus jaunies dans lesquelles une vigueur et une intelligence désincarnées, inhumaines, continuaient de se refléter.
Thongor leva son épée et l’abattit sur le bras décharné, mais il était aussi dur que du cuir demeuré longtemps au soleil et, bien que Sarkozan ait sectionné un fragment de chair fmétrie, le coup sembla inutile. […]
Et déjà sa cheville s’engourdissait sous la pression de cette serre décharnée. […]
Les mâchoires squelettiques du sorcier béaient dans un hurlement de rage silencieuse. Les serres se nouèrent convulsivement sur la botte vide. Thongor comprit alors la férocité et la force démoniaque de celui qui avait déchiqueté ses hommes, car dans sa fureur démente les griffes de la momie s’étaient mises à déchirer en lambeaux le cuir de sa botte !
Le choc causé par une lame aussi tranchante aurait eu raison de n’importe quel homme vivant. Des côtes décharnées, sur lesquelles se tendait une peau semblable à du cuir, s’enfoncèrent en craquant sous le choc. La momie tituba mais ne parut pas souffir le moins du monde du coup terrible qui lui avait été porté.
L’épée s’abattit à nouveau sur l’avant-bras de la créature, faisant voler l’os en éclats et fracassant le poignet. Ce coup qui aurait obligé tout guerrier à cesser le combat n’affecta nullement le cadavre vivant.
[…] Les griffes de la momie s’enfoncèrent dans sa gorge et il sentit son corps s’engourdir progressivement tandis que sa peau frissonnait au contact de la chair fanée de cadavre.
[…] Les mâchoires décharnées s’ouvraient en silence et il pouvait sentir l’haleine fétide qui filtrait entre les dents noircies.
Il se débattit avec l’énergie du désespoir […] »
Thongor le Lémurien s’en sort-il ?
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