Le parchemin de Nyogtha

Aides de jeu, partage d'idées et scénarios sur le jeu de rôle dans un univers médiéval fantastique

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Posts Tagged ‘Objets’

La planche magique

L’idée de ce petit article m’est venue en regardant un épisode de la saison 2 de la série Haven… Dans cet épisode, un des personnages, Duke en l’occurence,  part sur une île à la recherche d’un objet sans savoir précisément ce qu’il va trouver. De mémoire, il dispose d’une carte assez minimaliste.

Après s’être donné bien du mal, il déterre un petit coffre / une boite d’assez petite taille, enfoui profondément dans le sol. La boîte renferme une simple planche de bois gravée d’une inscription (j’ai modifié le nom pour l’article).

D’un point de vue technique, si l’on reprend l’idée dans un jeu de rôle, on imagine que la planche irradie une certaine magie ou encore qu’elle est pourvue d’une aura particulière… Mais il n’empêche que c’est une fichue planche. Creuser des heures durant et crapahuter en forêt pour trouver ce qui fait penser à une pancarte, cela interpelle !

Bien évidemment nos personnages ne vont pas en rester là. Ils vont se renseigner sur ce que peut bien être la maison Gwynbleid… La quête d’informations ne sera pas aisée… d’autant que Gwynbleid n’est pas le nom à proprement parler de la maison mais une manière de la qualifier. Imaginons donc que ce Gwynbleid signifie « aveugle » en elfe (ou dans une autre langue pas trop commune de votre choix). On aurait, voici des années, affublé une maison de ce nom là : pour cause, elle était dépourvue de toute fenêtre ! A vous de trouver une justification : maladie du propriétaire ne supportant pas la lumière… paranoiä aigue du propriétaire… vampire repenti … que sais-je encore ?! En tout cas, le propriétaire était versé dans l’Art des Arcanes.

Le genre d’informations que les personnages peuvent glaner :
– « Le vieux qu’habitait là ?! Un étranger ! Laid comme un troll… avec des cernes sous les yeux qu’on aurait dit qu’il se poudrait la peau au charbon… Quand j’étais gosse, je venais balancer des caillasses sur son toit avant la tombée de la nuit… J’me souviens même d’une fois où j’ai pris une rouste par mon paternel quand j’lui ai dit qu’un gros corbac noir avait chopé mon caillou en plein vol avant même qu’il atteigne le toit et qu’il me l’avait rebalancé aussi sec ! »
– « Son nom ? … j’en sais fichtre rien… on l’appelait pas… on lui parlait pas… c’était un maudit sorcier à coup sûr ! »
– « j’me souviens que les costauds du village sont venus lui faire bouffer son froc cause que les récoltes elles crevaient sur pied… ils sont rentrés en masse dans sa bicoque et il avait disparu. Pourtant les gosses du village disaient qui  l’avaient vu le matin chez lui et qu’il était pas ressorti. De la sorcellerie c’est sûr ! »
– etc.

Les Personnages finiront par retrouver la fameuse maison « aveugle »… laissée à l’abandon. Aucune fenêtre, une porte massive désarticulée, arrachée de ses gonds sur la partie basse. Une seule pièce à l’intérieur, organisée autour d’une cheminée centrale … La luminosité ambiante provient d’un pan du toit, éventré. Dévaster l’endroit n’a pas dû prendre longtemps au regard du mobilier sommaire : deux armoires désarticulées, des étagères brisées ou écroulées les unes sur les autres, aucune décoration aux murs, un lit de paille étroit et long…  des éclats de verre parsemant le plancher de bois craquent sous chaque pas. Un fagot de lavande oscille doucement au dessus de vos têtes, surement mis en mouvement par un courant d’air.

Un battement d’air soudain ! Un corbeau dissimulé dans la charpente s’envole en criant (vous pouvez même trouver un cri de corbeau ici).

Une recherche poussée dans la pièce ne donne pas de résultat. Quelques pierres du mur se désolidarisent mais cela ne mène à rien… et quelques lattes du plancher terni par le temps sont désormais disjointes mais elle ne recèlent aucune cache ou passage.

… Et pourtant, vous l’avez bien sûr deviné, la pancarte est une latte du plancher, elle s’insère dans la continuité de la flèche :

 

 

A ce stade on peut tout imaginer ! La flèche indique une cache précise (c’était le cas dans la série). J’aime moyennement cette idée vu que les joueurs auront surement tout mis en oeuvre pour tester les murs (risque de contestation). Je préfère l’idée suivante : 

Le sol tremble légèrement. Un liquide rougeâtre, proche du sang, suinte des jointures du bois… 

 

et puis plus rien. Le sang se résorbe. Le plancher retrouve son apparence initial. La planche spéciale peut être récupérée.

… Mais les PJ ont été téléportés dans une maison similaire (habitée ou non) à vous de voir. Ils auront une belle surprise en ressortant de la maison (qui peut d’ailleurs être strictement identique). Le chemin de retour fonctionne-t-il directement ou faut-il une autre planche ? Existe-t-il d’autres passages ? Pourquoi ce sang dans le plancher ? Y aurait-il des effets non visibles à user de ce type de « raccourci » ?  Le vieil étranger vivait peut-être bien de sa capacité à aller rapidement d’un point à un autre ou de monnayer cette capacité à des gens de confiance ?

Nyogtha

La bouteille sorcière

Les amulettes, talismans, bijoux divers assurant un rôle de protection sont très courants chez les sorciers. La protection peut toutefois revêtir bien d’autres formes.

La bouteille exhuméeIl s’agit ici de la Bouteille Sorcière, un artéfact de protection qui a bel et bien existé.  Une bouteille d’origine allemande, datant du 17ème siècle, a d’ailleurs été exhumée en septembre 2011 près d’un pub Anglais du Staffordshire (voir article).

Je vous propose ici de retravailler un peu l’imaginaire autour de cet objet, d’autant que le contenu de la bouteille peut varier selon les sources d’informations : ongles, cheveux, urine, filaments textiles, … tous ces éléments devant être introduits dans la bouteille un à un tout en récitant le charme de protection souhaité… Il s’agit donc d’un enchantement de protection qui se réalise dans la durée.

Une fois rempli, la bouteille doit être scellée et ornée d’un pentacle ou de runes symboliques. Les symboles peuvent être gravés, sculptés ou simplement dessinés sur la bouteille.

Prenons le cas d’une bouteille de protection remplie de cheveux, des cheveux tombés surtout et non coupés ! Des cheveux de femmes et d’hommes, pas d’enfant. La présence de cheveux de créatures (goblins, orcs, harpies, nymphes, dryades, …) sera un gage d’efficacité et de polyvalence vis à vis des esprits ! Le sorcier introduira chaque cheveu lissé entre ses doigts humectés par sa propre salive et veillera à prononcer un phrasé de protection adapté :
Fil de vie ténu chasse les intrus, fil de vie rompu enchevêtre l’inconnu.

La bouteille ne devra pas être remplie à craquer, il doit toujours rester un peu d’espace pour emprisonner les esprits !

La bouteille sera scellée mécaniquement et magiquement avec une ultime incantation :
Que les filaments de vie emprisonnent à jamais celui qui défie l’espace protégé
(au MJ de déterminer secrètement le seuil de remplissage maximum d’esprits que pourrait contenir la bouteille)

Toute créature sous forme éthérée, tout esprit ou tout être dématérialisé pourra succomber à la protection et finir emprisonné dans la bouteille. D’un point de vue technique, un jet est à effectuer entre le pouvoir du sorcier et celui de l’esprit :
– Si le résultat du jet est en faveur du sorcier alors l’esprit est emprisonné dans la bouteille. Cette dernière gagne alors un bonus de protection au prochain jet (à vous de décider du bonus). La bouteille gagne peu à peu en puissance à chaque succès jusqu’à atteindre son seuil de remplissage après quoi la protection deviendra  inactive sans pour autant que soient libérés les esprits.
– En cas d’échec, la bouteille se brise ou se fend et la magie de protection s’évanouit dans les airs.

Ouvrir une bouteille de protection sans précaution peut s’avérer très dangereux… enfin, si elle est « habitée ! ». Une détection de la magie n’apportera aucune information viable puisque la bouteille est par essence, magique ! Le recours à une magie divinatoire peut éclairer sur son remplissage actuel. Mettre la bouteille en présence d’un esprit également… si ce dernier ne subit pas d’agression, alors la bouteille est surement pleine !  Si une tentative d’emprisonnement est déclenchée par la présence de l’esprit alors l’observateur devra être particulièrement attentif pour essayer de discerner les ombres au sol et deviner quelles créatures et combien d’entre elles sont déjà dans la bouteille.

Une bouteille pleine d’esprits est très recherchée des enchanteurs qui l’utilisent comme composante pour des rituels à fort enjeu. Les esprits emprisonnés peuvent également être soumis à la volonté de l’enchanteur après une ouverture fort délicate de la bouteille de protection… ces derniers seront affaiblis pendant quelques heures encore. 

Si comme moi, vous pensez pouvoir trinquer à la santé des PJ en débouchant une bonne bouteille sorcière, lâchez votre imagination et utilisez cet objet au cours d’un scénario. Entre la récupération des composantes, l’enchantement lui même, la découverte d’une bouteille encore active, l’exploitation d’une bouteille pleine, la vision d’une bouteille brisée avec des esprits libérés… les pistes à exploiter ne manquent pas !

J’attends vos commentaires éventuels avec grand plaisir 🙂

Nyogtha – inspiration libre – 

 

 

 

 

L’ombre de Karfak

De tout temps, les puissants ont recouru aux espions pour se préserver et garder une longueur d’avance sur l’ennemi. Non seulement le roi Azoun IV n’échappait pas à cette pratique déloyale mais en plus il jouissait d’une terrible réputation en la matière : celle de n’être jamais pris de cours, de tout savoir par avance et de tout anticiper ! Son surnom de « Roi sachant », il le devait en fait au chef de file de ses espions, Cédille. Un petit homme au teint blême, aussi intelligent que discret qui alliait tout à la fois furtivité, écoute, discrétion et connaissance des sombres arcanes. Dépassé par une paranoïa grandissante, Cédille poussait chaque jour plus loin ses expérimentations avec ceux qu’il nommait « ses enfants de l’ombre ». Karfak était l’un de ses fieffés serviteurs démoniaques, le plus doué des enfants de l’ombre que Cédille ait parvenu à invoquer !

 

Karfak n’avait aucun égal pour se fondre dans l’ombre de n’importe qui et l’espionner pendant des heures !
Durant ce temps,  Cédille voyait par les yeux du sombre enfant et entendait par ses oreilles…
La lumière du soleil constituait la  seule limite à l’exercice, l’obligeant à quitter son hôte avant le lever du jour.

 

Mais Karfak ne goutait guère l’exercice. Chaque nouvelle escapade nocturne s’avérait plus difficile à soutenir pour Cédille. Le sombre enfant finissait par négliger sa tâche première en tentant coûte que coûte de repousser son maître.

 

Cédille n’était pas homme à céder et ne supportait pas l’incertitude. Il mit au point un terrible rituel, enfermant l’essence même de Karfak dans une poudre noire magique, constituée de jade noir, de charbon et de poussière de diamants rouges. Il fit soufffler une fiole statuette pour contenir l’essence noire de Karfak : une réplique miniature  du corps de l’enfant de l’ombre, en cristal épais, dotée d’un bouchon à l’arrière de la tête.

Dès lors, il lui suffisait de disposer la fiole statuette dans l’ombre d’une cible à espionner et de prononcer les mots du rituel pour que l’essence de Karfak s’échappe de la fiole et se mêle subtilement à l’ombre ciblée. Cédille pouvait alors tout voir et tout entendre en tenant simplement la fiole statuette dans sa main et en se concentrant.  La seule contrainte demeurait, comme auparavant, de rapatrier le sombre enfant avant le lever du soleil en énonçant le mot de pouvoir de retour vers la fiole… quelques secondes plus tard, la fiole statuette vide prenait la couleur noire de la nuit, un noir si profond que même la poussière de diamants rouges se faisait oublier.

 

Cédille est mort depuis plusieurs années. Son « héritage » s’est dispersé à travers le pays entre des mains plus où moins avisées mais toujours auprès d’esprits sachants…

 

L’obsession des détails incita Cédille a rédiger un « traité sur l’Ombre de Karkak ». Cet ouvrage donne quelques informations générales sur l’art et la manière d’invoquer les sombres enfants. Le rituel de dissociation de l’essence n’est qu’en partie expliqué. Les mots secrets pour activer le départ et le retour du sombre enfant dans sa fiole statuette y figurent (de manière codée, bien sûr). On peut également y lire les réserves suivantes quand une ombre est habitée :

– Un œil très attentif pourra déceler des irrégularités dans la projection de l’ombre habitée. Les observations pratiques amènent à penser que ces irrégularités dépendent de la taille de l’ombre hôte. L’ombre dissociée est in fine légèrement moins fusionnelle que l’essence dissociée de cette dernière… Avec un hôte de petite taille, l’ombre pourra parfois sembler bossue… avec un hôte de taille moyenne,  les petites cornes de Karfak pourrait exceptionnellement être révélées de manière fugace… Pas d’irrégularité avec un hôte de grande taille, ce qui était le cas de Karfak.

– Les flammes « vivantes » du type bougies, chandelles, lanternes et même torches, ont tendance à fortement vaciller voire même à s’éteindre sur le passage de l’hôte habité.

– Une détection de la magie présentera un résultat positif de type « brillance » sur l’ombre habitée sans pour autant présenter une forme claire et identifiable de Karfak… Il faut immédiatement rappeler le sombre enfant dans un tel cas.

 

L’ombre de Karfak vous offre de nombreuses possibilités ou pistes à exploiter : la quête de la fiole statuette ou du traité, la recherche des mots de pouvoir dans le traité, la possibilité pour un PNJ puissant d’habiter l’ombre d’un de vos joueurs… et que sais-je encore ?!

 

Nyogtha – Inspiration libre.