Le parchemin de Nyogtha

Aides de jeu, partage d'idées et scénarios sur le jeu de rôle dans un univers médiéval fantastique

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Posts Tagged ‘Pathfinder’

La corporation des Toadmen


Un dressage pas dénué de charme !

A une époque où les rites de la terre tenaient une place importante dans la société, les charretiers  se regroupaient en une corporation  quasi secrète :  les Toadmen (littéralement : « hommes crapauds »).

La réputation de qualité des chevaux de labour du Norfolk mais surtout la qualité du dressage des équidés était sans pareille ! Des « fuites » sur les pratiques de ces toadmen dévoilèrent de sombres pratiques occultes…

Les Toadmen devaient ainsi mettre au point un « charme » destiné à dominer le comportement de l’animal. Il leur fallait pour cela trouver un crapaud dans les joncs, le tuer et le laisser sécher 24 h sur un buisson d’aubépines. Ensuite, le Toadman enterrait le crapaud desséché dans une fourmilière et l’y laissait jusqu’à la prochaine pleine lune.

Une fois ces étapes passées, le Toadman devait déterrer le squelette du crapaud puis attendre le clair de lune pour le jeter dans un ruisseau… et là…. Deux possibilités :

– le squelette descendait le courant : c’était fichu, tout était à recommencer au départ, la base d’enchantement étant impropre

– le squelette remontait le courant : c’était bon, la création du charme pouvait être poursuivie.

En cas de succès au test du ruisseau, les os devaient être récupérés puis étuvés et enfin réduits en poudre. La poudre obtenue était ensuite diluée dans une huile précieuse.  Le mélange obtenu serait enfin à enduire  sur la bouche, les naseaux, la langue et le poitrail d’un seul et même cheval. 

Dès lors, le cheval charmé était complètement soumis à son mapitre et lui obéissait sans défaillir.

Dans la région du Suffolk et également dans le nord de l’Ecosse, une autre version du charme consistait à enchanter les ossements du crapaud et à les conserver sur soi, dans un petit sac. Il suffisait ensuite au Toadman de toucher le cheval à des endroits clés pour lui imposer d’effectuer telle ou telle manoeuvre/attitude.  

Comment utiliser ces éléments  dans le jeu de rôle ?

On dispose tout d’abord du mystère qui peut entourer le dressage parfait d’un cheval. Imaginons une enquête dans ce milieu… Des rivalités entre toadmen, avec d’une part ceux qui pratiquent la technique de l’huile, d’autre part ceux qui s’emploient à enchanter les ossements… mêlons à tout cela quelques charlatans prompts à profiter de la situation, prêts à tout pour percer  à jour le secret des toadmen. Peut-être même que le commanditaire de la mission commanditée n’a pas d’autre vrai dessein que de découvrir ce secret…

Ensuite, on dispose de la matière elle-même ! Un sac d’ossements de crapaud, une fiole d’huile brunâtre  à l’odeur complexe…  Les personnages peuvent trouver ces éléments sur un corps, dans un lieu donné … sans pour autant en connaître l’usage.  La fameuse identification d’objet magique, si tant soit est que vous la pratiquiez, ne donnera que peu de lumière sur cet Art. La corporation voudra peut-être récupérer les biens précieux d’un défunt toadman… à moins qu’un acheteur ne se fourvoie en s’adressant aux PJs qui ont découvert les charmes ?

Et si l’un des personnages était lui même le fils d’un Toadman, héritier d’une pratique occulte secrète et enviée… Cela pourrait donner matière à un background fort intéressant, non ?

Dans tous les cas, tout cela donne du relief à notre ami crapaud… !

Nyogtha

Le cheval dans le JDR

Le Cheval, votre fidèle destrier

Souvent relegué au dernier rang de la figuration dans les modules, considéré comme un vulgaire moyen de locomotion, le cheval -la « plus belle conquête de l’homme »- est pourtant un animal très disparate à l’allure et aux caractères très changeants d’un cas à l’autre, avec lequel il faut composer. Il peut constituer un précieux compagnon s’il est bien dressé, et un atout s’il est très performant. Il serait d’autant plus dommage de ne pas le personnaliser, d’autant que nos héros favoris ne se sépareraient pour rien au monde de leur fidèle monture.
Vaillant palefroi ou vieille carne, vous allez, vous aussi, chercher l’âme-soeur chevaline…

Et vous trouvez sabot ?

D’abord, apprenez à le reconnaître. Il n’aura pas la même prestance si c’est un pur-sang arabe ou un bon gros percheron. Pas le même emploi non plus ; le premier étant avant tout un cheval de course qui ne peut recevoir qu’une charge minimum, alors que le second peut porter de très lourdes charges pendant une longue durée.
Entre les deux, il y a des races intermédiaires qui, sans être très rapides, supportent des chevaliers en armure lourde : les lippizans ou les andalous (pour les poneys, les dartmoor ou les tarpans).

Pour le distinguer ensuite, voyez sa « robe » (pelage est inapproprié). Les principales robes sont :


Blanc – Cette robe s’avère très rare, c’est plus souvent une robe grise très clair ou un blanchiment lié à l’âge avancé du cheval. Il arrive aussi que l’animal soit albinos,
Café au lait – Il s’agit d’une espèce rare de couleur doré pâle se rapprochant de l’alezan clair. Le palomino américain est un cheval café-au-lait avec des crins lavés : ses crins sont plus clairs que la couleur de ses poils.
Gris – Sa robe est formée de poils gris parsemés de poils noirs, dessinant parfois de larges tâches. On parle aussi de robe gris-pommelé. Avec les années, la proportion de poils blancs a tendance a augmenter,
Alezan – La robe est composée de poils couleur cannelle avec ses variétés : claire, foncée, café au lait, cuivrée ou brûlée,
Aubère – C’est une robe alezane envahie par le blanc, qui peut être clair, ordinaire ou foncé (assez commun chez les chevaux de trait bretons)
Bai – Couleur très courante, la robe Bai est constituée de poils alezan avec des crins et extrémités noirs. D’importantes variations de bai existent, allant du bai clair au bai foncé et bai brun en passant par le bai cerise et le bai châtain.

 

Isabelle – Il s’agit d’une robe assez rare. Les poils du cheval sont alors café au lait avec des crins et des extrémités noires.
Louvet – Cette robe est très particulière puisqu’elle n’est pas sans rappeler le pelage du loup. Des poils alezan mélangés à des poils noirs avec, bien souvent, des extrémités noires.
Noir –  Un cheval doit avoir les poils, les crins et les extrémités noirs pour être véritablement considéré comme noir, sinon c’est un bai-brun.
Pie –  Robe originale composée de deux robes distinctes dont la plus importante est le blanc. L’autre couleur de robe est  présente sous forme de taches.
Rouan – C’est une robe baie ou marron envahie par le blanc. Parfois, les trois tons sont présents simultanément,
 Souris – Des poils gris unis avec des extrémités et des crins noirs. Cette robe est aussi belle que rare. Le cheval souris ne doit pas avoir de mélange de poils blancs et noirs sinon c’est une robe grise et non souris.

 

A cheval sur les principes…

Une fois reperée votre future monture, il faut encore vous l’approprier. Dans la nature, ce sera très difficile, le cheval étant extrêmement méfiant et surtout très émotif (rappelez-vous de Bucéphale, qui avait peur de son ombre et que personne ne pouvait monter). Une fois attrappé, il faudra ensuite dompter votre cheval, l’apprivoiser … voire lui apprendre certains tours (marcher à reculons, accourir à la suite d’un sifflement…).
Ceci dit, le plus simple est de se rendre en ville à une vente de chevaux et là… méfiance ! Les vendeurs peu scrupuleux ne demandent qu’à se débarasser des chevaux estropiés, rescapés de batailles ou usés par l’effort…Les trucs qui suivent sont employés par les maquignons malhonnêtes pour vous refiler un cheval bourré de défauts si bien sûr, ils s’aperçoivent que l’acheteur que vous êtes n’y connaît rien !

Boiterie
« Oui…il s’est un peu cogné ce matin à l’écurie… Regardez, la blessure est toute fraîche… C’est dommage, juste le jour de sa mise en vente ».En effet, le cheval est légèrement blessé à la jambe (patte est inapproprié) ou au pied. Il y a beaucoup de chances pour que ce soit le marchand lui-même qui ait infligé cette blessure espérant ainsi faire croire à l’acheteur que l’animal boîte à cause de cela. Seulement voilà… une fois la petite blessure cicatrisée, le cheval boitera toujours, car il souffre d’une tare beaucoup plus grave. Par conséquent, n’achetez jamais un cheval qui porte la moindre écorchure à un membre.

Cornage
C’est une sorte de sifflement des naseaux : il indique souvent un défaut grave du système respiratoire. Le marchand laisse le cheval à bonne distance de l’acheteur le temps que la bête reprenne son souffle. Il faut vraiment que l’acheteur fasse trotter lui même le cheval, qu’il écoute attentivement sa respiration dès qu’il le fait stopper pour s’en rendre compte.

Contre-marque
Pour déterminer l’âge du cheval, il faut examiner ses dents de devant. Les dents d’un cheval jeune sont tubulaires : elles ne deviennent plates qu’avec l’âge. Aussi le maquignon lime-t-il les dents d’un cheval de sept ou huit ans pour le rajeunir d’un ou deux ans. Comment se prémunir de cette supercherie ? Il suffit de bien connaître la forme ovale , triangulaire ou arrondie que la dent doit avoir à un âge déterminé.

Seimes et autres
Une seime est une fente dans le sabot, lequel, en fait, est un ongle. Comme tout le poids du cheval est réparti sur les quatre ongles seulement, l’état de ceux-ci est primordial. Alors, pour … dissimuler les défauts… on mastique les fentes, on camoufle avec de la boue durcie l’intérieur du pied. Il faut toujours regarder minutieusement les quatre pieds du cheval que l’on choisit.


Et l’amour dans tout cela ?

Dans tous les cas, l’éducation que vous allez lui donner va déterminer son attitude envers vous. Un cheval ne se dresse pas avec des corrections, bien au contraire. Il doit y avoir une parfaite entente, un réel respect voire une amitié naissante entre l’animal et l’homme. Si le cheval est trop gâté, trop nourri, il aura tendance à exagérer, à avoir un caractère impossible. S’il a été maltraité, il faudra regagner sa confiance au prix d’une patience angélique. Si vous ne vous en occupez pas, si vous ne le brossez pas régulièrement, vous aurez du mal à obtenir quoi que ce soit de votre monture. Qu’on se le dise…

Concernant le dressage des chevaux, il existait une bien étrange tradition, liée aux anciens rites de la terre dans le Norfolk. Les charretiers  s’était regroupés  en une corporation mystérieuse, celle des « Toadmen » (hommes aux crapauds). Cette corporation, dont des traces ont également été retrouvées dans le nord de l’Ecosse et le Suffolk,  ne serait pas étrangère à la réputation de qualité du dressage des chevaux de labour de cette région ! Je détaillerai prochainement le sujet, ce qui fera un excellent lien avec l’article sur les grenouilles 😉

Deux chevaux prêts à l’emploi !

FILOVENT : c’est un pur-sang arabe à la robe grise et soyeuse, avec une crinière fine et blanche, une ligne svèlte et une croupe ferme, des jarrets souples et un étonnant regard brillant. C’était d’abord un cheval sauvage, un fier « mustang » qui menait une horde par delà les plaines. Son allure princière, sa rapidité, et son intelligence fascinèrent les chasseurs elfes. L’un d’eux, Mirandil D’Arthuendil, archer royal jouissant d’une bonne réputation, décida d’en faire sa monture, voyant dans ce fabuleux animal un digne représentant des « coursiers des bois ».
Leur rencontre se fit par une nuit étoilée sous une lune étincellante, près du point d’eau où la horde venait s’abreuver. Mirandil fredonna une douce mélodie que lui avait appris son père, sur une branche de la Lorien. Les jours se succédèrent et l’animal l’approcha.Mirandil posa délicatement sa main sur le cou de la bête. La tête de l’animal s’inclina, ils se regardèrent et se comprirent. Depuis lors, ils ne se sont jamais quittés, et souvent, on entr’aperçoit dans les bois, la silhouette fugitive du « vent gris », tel qu’on l’a surnommé.C’est un pur-sang arabe à la robe grise et soyeuse, avec une crinière fine et blanche, une ligne svèlte et une croupe ferme, des jarrets souples et un étonnant regard brillant. C’était d’abord un cheval sauvage, un fier « mustang » qui menait une horde par delà les plaines. Son allure princière, sa rapidité, et son intelligence fascinèrent les chasseurs elfes. L’un d’eux, Mirandil D’Arthuendil, archer royal jouissant d’une bonne réputation, décida d’en faire sa monture, voyant dans ce fabuleux animal un digne représentant des « coursiers des bois ».

TRAINE-SABOT : C’est un andalou robuste, au fort poitrail et à la robe pie, moitié blanche, moitié marron. Sa crinière drue tire sur le roux et descend en cascade sur sa nuque. Une croupe basse, des jarrets épais témoignent de la résistance de l’animal. Son regard fixe et hagard dénote un drôle de caractère… Déjà, tout poulain, Trainesabot a été le souffre-douleur d’une famille de paysans rustres, qui ne l’ont pas ménagé à la tâche. Après une mauvaise récolte, il fut revendu à un marchand itinérant qui le nourrissait fort bien mais cela ne devait pas durer… Le marchand fut détroussé par une bande de gredins. L’un d’eux, vilain bonhomme grognant et puant, le prit avec lui comme part du butin. Il maltraita l’animal, l’emmena dans les pires endroits, le fit bousculer maintes et maintes fois, etc… Un beau matin, on retrouva le gaillard sur le bord d’un chemin, désarçonné et le crâne fracassé. Depuis, Trainesabot a été recueilli par une caravane de pélerins qui ne sait pas quoi en faire.
C’est un cheval rancunier, batailleur, qui mord et rue, se goinfre dès qu’il peut et refuse parfois de se faire monter. Il ne court pas très vite, mais il est très résistant sur de longues distances, pour peu qu’on arrive à le maîtriser et à lui inspirer confiance..

Nyogtha


Un article sur la « Renoille » ou « Grenoille » comme on la nommait au Moyen-âge… mais quelle idée ?!

 

Et bien, l’idée n’est pas aussi saugrenue qu’il y parait !

J’espère bien vous convaincre au terme de cet article que notre amie vertébrée est digne d’intérêt pour nous autres rollistes !

 

Comment commencer cet article sans parler des 10 plaies d’Egypte : la petite est tout de même bien placée avec sa deuxième position au rang des 10 châtiments. Le livre de l’Exode le dit ainsi « […] les grenouilles montèrent et recouvrirent l’Egypte » Cette pluie de millions de grenouilles sur l’Egypte visait à punir le Pharaon qui ne voulait pas laisser partir le peuple d’Israël vers la terre promise par Dieu. Lourde de symbole que cette pluie de grenouilles. Non seulement l’animal était vénéré dans l’Antiquité Egyptienne mais en plus, la déesse de la fertilité et de la résurrection « Héqet », dans la mythologie Egyptienne, est celle qui insuffle la vie aux créations humaines de Khnoum, son époux… et cette déesse est représentée avec une tête de grenouille ! Un message clair pour montrer qui est véritablement le boss en terme de création, non ?

Pour ce qui est des pluies d’animaux, ces évènements étonnants jalonnent régulièrement l’histoire des hommes… Il s’agit toujours de pluie de petits animaux, souvent des grenouilles, des tétards, des poissons, voire des oiseaux même si la cause du phénomène semble être différente. Le plus étonnant c’est qu’il arrive fréquemment que des animaux soient encore vivants !

Aujourd’hui, ces pluies sont plus ou moins expliquées par la science. Il s’agirait de phénomènes maritimes très localisés et très violents, capable d’emporter dans les airs de petits animaux et de les projeter, comme la pluie projette de l’eau, à une distance assez proche du cœur du phénomène. Parmi les plus récentes en date, citons une pluie de tétards morts sur Ishikawa (Japon) le 16 juin 2009 ou encore une pluie de poissons sur Korona, un village de Grèce, le 12 décembre 2002…

Pour ma part, je vais me concentrer sur les grenouilles… The french touch sans doute 😉

Ces pluies d’animaux peuvent trouver une place très intéressante dans un univers de jeu de rôle, ceci d’autant plus que la symbolique est forte pour l’animal concerné.

Quelle symbolique peut donc être rattachée à ce petit batracien  ?

Et bien, de part son processus de développement et de mutation, la grenouille est un symbole de résurrection, de perpétuelle mutation et de métamorphoses. Les Grecs la voyaient comme un symbole de fécondité, de création et de vie. Les Francs lui associaient une démarche spirituelle vers la perfection, la résurrection et l’immortalité. Ce n’est pas par hasard si trois grenouilles ornaient l’étendard de Clovis… Les Vietnamiens considèrent la grenouille comme une forme de l’âme voyageant pendant que le corps dort… Alors, faire du mal à une grenouille, c’est prendre le risque de causer une blessure ou de tuer le dormeur.

Plus négatif, au Moyen Âge, les chrétiens de l’Occident voient dans la grenouille un symbole du diable… une sale bestiole vivant dans la boue, coassant sans arrêt… un coassement vécu comme un harcèlement du Diable ou des hérétiques. A cette époque, les médecins croient qu’une créature proche de la grenouille s’est réfugiée dans le ventre des femmes et que c’est cette créature qui déclenche les douleurs menstruelles !

Les croyances d’Afrique du Nord sont étroitement liées au caractère aquatique de l’animal. Les Nord Africains pensent que la grenouille était près de Dieu lorsque son trône était sur l’eau. La grenouille serait une sorte de gentil génie des eaux inspirée par Dieu. Chacun de ses coassements résonnerait comme une éloge envers lui… d’où les superstitions qui entourent le noble batracien ! Bien sûr, il est interdit de consommer sa chair, sous peine de tomber malade… Plus étonnant : quand on trouve une grenouille, on l’enferme sous un plat à couscous (le type de plat où l’on prépare la semoule). Le plat est ainsi laissé toute la nuit… Si la grenouille est toujours là le lendemain, il faut simplement la libérer. Si elle a disparu alors c’est qu’on était en présence d’un génie bienfaisant ! Un couscous particulier est alors spécialement préparé pour fêter cet évènement de bon augure.

Qu’ils soient associés à son étonnante capacité de mutation, à son caractère aquatique ou à son affinité avec l’eau, à ses bruyants coassements… les symboles ne manquent pas ! Pour les uns, elle protège de l’incendie ou appelle la pluie, pour les autres, elle évoque le rire moqueur de Satan… Sacrée et protégée pour certains… bonne à croquer pour les autres ! A éliminer à tout prix pour les uns, à conserver séchée sous forme de fragments glissés dans une amulette pour d’autres… Quels que soient les superstitions ou croyances corrélées à l’animal, imaginez un peu l’effet que peut avoir une pluie de grenouilles ! C’est un coup à voir psalmodier la fin du monde à tous les coins de rue où à promouvoir la suprématie de telle ou telle divinité, une excellente occasion pour endoctriner de nouveaux futurs croyants… Ceux qui ont des choses à se reprocher pourraient y voir également une grosse remise en question de leurs propres pratiques, un signe venu du ciel. Que faire face à un tel évènement ?! L’attitude du boulanger qui enfourne à la pelle les bestioles dans son four à pain pour s’en débarrasser est-elle acceptable ? Comment avancer dans la rue sans écraser des dizaines de ces bestioles croassantes et se mettre tout le monde à dos dans un pays où l’animal est vénéré ? La pluie aurait-elle un lien avec ce vieux temple païen construit dans les marais ?
La symbolique pourra se retrouver sur les objets usuels ou plus rares que peuvent trouver les personnages : tambour orné de grenouilles pour faire venir la pluie dans les rites druidiques, seau du puits pour préserver la réserve d’eau souterraine, sculpture sur le berceau d’un bébé, pendentif sculpté pour protéger du feu … et peut-être les guider sur l’usage réel des objets ou sur leurs propriétaires ?
Imaginez un rite initiatique autour de la grenouille pour un shaman ou un lanceur de sort souhaitant exercer l’art de la guérison… Le personnage aura-t-il l’énergie de la grenouille apte à éloigner les ondes négatives, à soigner les maladies, à favoriser la mutation des blessures jusqu’à la guérison ?

Dans un tout autre registre, dans les forêts pluviales d’Amérique du Sud et d’Amérique Centrale, il est possible de rencontrer de petites grenouilles très colorées (blanches,jaunes,…). Ces grenouilles s’avèrent en fait aussi colorées que dangereuses !
Ainsi, la Kokoï (Phyllobate) de Colombie compte parmi les animaux les plus venimeux de la planète. Quelques dixièmes de milligrammes du poison (batrachotoxine ) qui enduit son corps suffisent à tuer un homme. La bête a beau être de petite taille, elle possède suffisamment de venin pour empoisonner mortellement plusieurs personnes. Un simple contact provoque une sensation de brulure !
Des recherches scientifiques ont démontré que cette grenouille ne secrète pas naturellement cette toxine, la fabrication de la toxine est étroitement corrélée à son alimentation donc aux petits insectes qu’elle ingère (drosophiles, micro-grillons, …).
Les couleurs de sa robe peuvent grandement varier d’une région à l’autre, allant du bleu au jaune plus ou moins maculé de noir.
Quand bien même un alchimiste missionnerait-il des personnages pour récupérer des kokoï afin d’avoir une source de toxine sous la main… la source de toxine s’épuiserait bien vite : la toxicité disparaît peu à peu une fois en captivité 😉

Dans un registre similaire, les Américains d’Amazonie recouvrent les pointes de flèches utilisées pour la chasse avec le venin d’une petite grenouille, la Dendrobates Tinctorius. Pour cela, ils la cuisent afin qu’elle secrète tout son venin en mourant ainsi… Mais certaines tribus amérindiennes réservent un usage bien plus original à ces grenouilles venimeuses… Elles arrachent les plumes caudales de jeunes perroquets et frottent le mucus de ces grenouilles sur la peau des perroquets, juste à l’emplacement des plumes arrachées. Le perroquet ne succombe pas à cette pratique mais son épiderme intoxiqué corrompt la repousse des plumes en exacerbant anormalement leurs couleurs ! Ces plumes sont du plus bel effet dans les parures que confectionnent ensuite les Amérindiens. Ce genre de pratique se nomme le tapirage et les grenouilles sont aussi appelées « grenouilles à tapirer ». Visuellement, ces grenouilles de 4 cm en moyenne sont de couleurs vives, allant du bleu au jaune plus ou moins maculé de noir ; des couleurs voyantes pour rappeler aux prédateurs qu’elles sont « impropres à la consommation » ! Les Dendrobates vivent plutôt au niveau du sol tandis que la Kokoï n’hésite pas à grimper dans les arbres… A noter que le contact direct avec une Dendrobate présente un danger uniquement si le mucus qui les recouvre entre en contact avec une plaie ou des muqueuses.

Pour terminer cette partie informative, sachez que le plus petit vertébré du monde est une grenouille. Avec ses 7,7 millimètres en moyenne, la Paedophryne amauensis remporte donc la palme du « tout ce qui est petit est mignon » !

Que faire de toutes ces informations ?

Donner de la profondeur à des tribus primitives que pourraient côtoyer les personnages. S’appuyer sur des coutumes étranges pour capter l’intérêt des joueurs. Renforcer le lien que pouvaient entretenir le peuple avec la nature, les animaux, le milieu naturel. Apporter un zest d’originalité dans nos scénarii. Peut-être tout simplement montrer qu’il n’y a pas besoin que la grenouille se transforme en prince pour qu’on la trouve digne d’intérêt !

Nyogtha