Le parchemin de Nyogtha

Aides de jeu, partage d'idées et scénarios sur le jeu de rôle dans un univers médiéval fantastique

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Un article sur la « Renoille » ou « Grenoille » comme on la nommait au Moyen-âge… mais quelle idée ?!

 

Et bien, l’idée n’est pas aussi saugrenue qu’il y parait !

J’espère bien vous convaincre au terme de cet article que notre amie vertébrée est digne d’intérêt pour nous autres rollistes !

 

Comment commencer cet article sans parler des 10 plaies d’Egypte : la petite est tout de même bien placée avec sa deuxième position au rang des 10 châtiments. Le livre de l’Exode le dit ainsi « […] les grenouilles montèrent et recouvrirent l’Egypte » Cette pluie de millions de grenouilles sur l’Egypte visait à punir le Pharaon qui ne voulait pas laisser partir le peuple d’Israël vers la terre promise par Dieu. Lourde de symbole que cette pluie de grenouilles. Non seulement l’animal était vénéré dans l’Antiquité Egyptienne mais en plus, la déesse de la fertilité et de la résurrection « Héqet », dans la mythologie Egyptienne, est celle qui insuffle la vie aux créations humaines de Khnoum, son époux… et cette déesse est représentée avec une tête de grenouille ! Un message clair pour montrer qui est véritablement le boss en terme de création, non ?

Pour ce qui est des pluies d’animaux, ces évènements étonnants jalonnent régulièrement l’histoire des hommes… Il s’agit toujours de pluie de petits animaux, souvent des grenouilles, des tétards, des poissons, voire des oiseaux même si la cause du phénomène semble être différente. Le plus étonnant c’est qu’il arrive fréquemment que des animaux soient encore vivants !

Aujourd’hui, ces pluies sont plus ou moins expliquées par la science. Il s’agirait de phénomènes maritimes très localisés et très violents, capable d’emporter dans les airs de petits animaux et de les projeter, comme la pluie projette de l’eau, à une distance assez proche du cœur du phénomène. Parmi les plus récentes en date, citons une pluie de tétards morts sur Ishikawa (Japon) le 16 juin 2009 ou encore une pluie de poissons sur Korona, un village de Grèce, le 12 décembre 2002…

Pour ma part, je vais me concentrer sur les grenouilles… The french touch sans doute 😉

Ces pluies d’animaux peuvent trouver une place très intéressante dans un univers de jeu de rôle, ceci d’autant plus que la symbolique est forte pour l’animal concerné.

Quelle symbolique peut donc être rattachée à ce petit batracien  ?

Et bien, de part son processus de développement et de mutation, la grenouille est un symbole de résurrection, de perpétuelle mutation et de métamorphoses. Les Grecs la voyaient comme un symbole de fécondité, de création et de vie. Les Francs lui associaient une démarche spirituelle vers la perfection, la résurrection et l’immortalité. Ce n’est pas par hasard si trois grenouilles ornaient l’étendard de Clovis… Les Vietnamiens considèrent la grenouille comme une forme de l’âme voyageant pendant que le corps dort… Alors, faire du mal à une grenouille, c’est prendre le risque de causer une blessure ou de tuer le dormeur.

Plus négatif, au Moyen Âge, les chrétiens de l’Occident voient dans la grenouille un symbole du diable… une sale bestiole vivant dans la boue, coassant sans arrêt… un coassement vécu comme un harcèlement du Diable ou des hérétiques. A cette époque, les médecins croient qu’une créature proche de la grenouille s’est réfugiée dans le ventre des femmes et que c’est cette créature qui déclenche les douleurs menstruelles !

Les croyances d’Afrique du Nord sont étroitement liées au caractère aquatique de l’animal. Les Nord Africains pensent que la grenouille était près de Dieu lorsque son trône était sur l’eau. La grenouille serait une sorte de gentil génie des eaux inspirée par Dieu. Chacun de ses coassements résonnerait comme une éloge envers lui… d’où les superstitions qui entourent le noble batracien ! Bien sûr, il est interdit de consommer sa chair, sous peine de tomber malade… Plus étonnant : quand on trouve une grenouille, on l’enferme sous un plat à couscous (le type de plat où l’on prépare la semoule). Le plat est ainsi laissé toute la nuit… Si la grenouille est toujours là le lendemain, il faut simplement la libérer. Si elle a disparu alors c’est qu’on était en présence d’un génie bienfaisant ! Un couscous particulier est alors spécialement préparé pour fêter cet évènement de bon augure.

Qu’ils soient associés à son étonnante capacité de mutation, à son caractère aquatique ou à son affinité avec l’eau, à ses bruyants coassements… les symboles ne manquent pas ! Pour les uns, elle protège de l’incendie ou appelle la pluie, pour les autres, elle évoque le rire moqueur de Satan… Sacrée et protégée pour certains… bonne à croquer pour les autres ! A éliminer à tout prix pour les uns, à conserver séchée sous forme de fragments glissés dans une amulette pour d’autres… Quels que soient les superstitions ou croyances corrélées à l’animal, imaginez un peu l’effet que peut avoir une pluie de grenouilles ! C’est un coup à voir psalmodier la fin du monde à tous les coins de rue où à promouvoir la suprématie de telle ou telle divinité, une excellente occasion pour endoctriner de nouveaux futurs croyants… Ceux qui ont des choses à se reprocher pourraient y voir également une grosse remise en question de leurs propres pratiques, un signe venu du ciel. Que faire face à un tel évènement ?! L’attitude du boulanger qui enfourne à la pelle les bestioles dans son four à pain pour s’en débarrasser est-elle acceptable ? Comment avancer dans la rue sans écraser des dizaines de ces bestioles croassantes et se mettre tout le monde à dos dans un pays où l’animal est vénéré ? La pluie aurait-elle un lien avec ce vieux temple païen construit dans les marais ?
La symbolique pourra se retrouver sur les objets usuels ou plus rares que peuvent trouver les personnages : tambour orné de grenouilles pour faire venir la pluie dans les rites druidiques, seau du puits pour préserver la réserve d’eau souterraine, sculpture sur le berceau d’un bébé, pendentif sculpté pour protéger du feu … et peut-être les guider sur l’usage réel des objets ou sur leurs propriétaires ?
Imaginez un rite initiatique autour de la grenouille pour un shaman ou un lanceur de sort souhaitant exercer l’art de la guérison… Le personnage aura-t-il l’énergie de la grenouille apte à éloigner les ondes négatives, à soigner les maladies, à favoriser la mutation des blessures jusqu’à la guérison ?

Dans un tout autre registre, dans les forêts pluviales d’Amérique du Sud et d’Amérique Centrale, il est possible de rencontrer de petites grenouilles très colorées (blanches,jaunes,…). Ces grenouilles s’avèrent en fait aussi colorées que dangereuses !
Ainsi, la Kokoï (Phyllobate) de Colombie compte parmi les animaux les plus venimeux de la planète. Quelques dixièmes de milligrammes du poison (batrachotoxine ) qui enduit son corps suffisent à tuer un homme. La bête a beau être de petite taille, elle possède suffisamment de venin pour empoisonner mortellement plusieurs personnes. Un simple contact provoque une sensation de brulure !
Des recherches scientifiques ont démontré que cette grenouille ne secrète pas naturellement cette toxine, la fabrication de la toxine est étroitement corrélée à son alimentation donc aux petits insectes qu’elle ingère (drosophiles, micro-grillons, …).
Les couleurs de sa robe peuvent grandement varier d’une région à l’autre, allant du bleu au jaune plus ou moins maculé de noir.
Quand bien même un alchimiste missionnerait-il des personnages pour récupérer des kokoï afin d’avoir une source de toxine sous la main… la source de toxine s’épuiserait bien vite : la toxicité disparaît peu à peu une fois en captivité 😉

Dans un registre similaire, les Américains d’Amazonie recouvrent les pointes de flèches utilisées pour la chasse avec le venin d’une petite grenouille, la Dendrobates Tinctorius. Pour cela, ils la cuisent afin qu’elle secrète tout son venin en mourant ainsi… Mais certaines tribus amérindiennes réservent un usage bien plus original à ces grenouilles venimeuses… Elles arrachent les plumes caudales de jeunes perroquets et frottent le mucus de ces grenouilles sur la peau des perroquets, juste à l’emplacement des plumes arrachées. Le perroquet ne succombe pas à cette pratique mais son épiderme intoxiqué corrompt la repousse des plumes en exacerbant anormalement leurs couleurs ! Ces plumes sont du plus bel effet dans les parures que confectionnent ensuite les Amérindiens. Ce genre de pratique se nomme le tapirage et les grenouilles sont aussi appelées « grenouilles à tapirer ». Visuellement, ces grenouilles de 4 cm en moyenne sont de couleurs vives, allant du bleu au jaune plus ou moins maculé de noir ; des couleurs voyantes pour rappeler aux prédateurs qu’elles sont « impropres à la consommation » ! Les Dendrobates vivent plutôt au niveau du sol tandis que la Kokoï n’hésite pas à grimper dans les arbres… A noter que le contact direct avec une Dendrobate présente un danger uniquement si le mucus qui les recouvre entre en contact avec une plaie ou des muqueuses.

Pour terminer cette partie informative, sachez que le plus petit vertébré du monde est une grenouille. Avec ses 7,7 millimètres en moyenne, la Paedophryne amauensis remporte donc la palme du « tout ce qui est petit est mignon » !

Que faire de toutes ces informations ?

Donner de la profondeur à des tribus primitives que pourraient côtoyer les personnages. S’appuyer sur des coutumes étranges pour capter l’intérêt des joueurs. Renforcer le lien que pouvaient entretenir le peuple avec la nature, les animaux, le milieu naturel. Apporter un zest d’originalité dans nos scénarii. Peut-être tout simplement montrer qu’il n’y a pas besoin que la grenouille se transforme en prince pour qu’on la trouve digne d’intérêt !

Nyogtha

La bouteille sorcière

Les amulettes, talismans, bijoux divers assurant un rôle de protection sont très courants chez les sorciers. La protection peut toutefois revêtir bien d’autres formes.

La bouteille exhuméeIl s’agit ici de la Bouteille Sorcière, un artéfact de protection qui a bel et bien existé.  Une bouteille d’origine allemande, datant du 17ème siècle, a d’ailleurs été exhumée en septembre 2011 près d’un pub Anglais du Staffordshire (voir article).

Je vous propose ici de retravailler un peu l’imaginaire autour de cet objet, d’autant que le contenu de la bouteille peut varier selon les sources d’informations : ongles, cheveux, urine, filaments textiles, … tous ces éléments devant être introduits dans la bouteille un à un tout en récitant le charme de protection souhaité… Il s’agit donc d’un enchantement de protection qui se réalise dans la durée.

Une fois rempli, la bouteille doit être scellée et ornée d’un pentacle ou de runes symboliques. Les symboles peuvent être gravés, sculptés ou simplement dessinés sur la bouteille.

Prenons le cas d’une bouteille de protection remplie de cheveux, des cheveux tombés surtout et non coupés ! Des cheveux de femmes et d’hommes, pas d’enfant. La présence de cheveux de créatures (goblins, orcs, harpies, nymphes, dryades, …) sera un gage d’efficacité et de polyvalence vis à vis des esprits ! Le sorcier introduira chaque cheveu lissé entre ses doigts humectés par sa propre salive et veillera à prononcer un phrasé de protection adapté :
Fil de vie ténu chasse les intrus, fil de vie rompu enchevêtre l’inconnu.

La bouteille ne devra pas être remplie à craquer, il doit toujours rester un peu d’espace pour emprisonner les esprits !

La bouteille sera scellée mécaniquement et magiquement avec une ultime incantation :
Que les filaments de vie emprisonnent à jamais celui qui défie l’espace protégé
(au MJ de déterminer secrètement le seuil de remplissage maximum d’esprits que pourrait contenir la bouteille)

Toute créature sous forme éthérée, tout esprit ou tout être dématérialisé pourra succomber à la protection et finir emprisonné dans la bouteille. D’un point de vue technique, un jet est à effectuer entre le pouvoir du sorcier et celui de l’esprit :
– Si le résultat du jet est en faveur du sorcier alors l’esprit est emprisonné dans la bouteille. Cette dernière gagne alors un bonus de protection au prochain jet (à vous de décider du bonus). La bouteille gagne peu à peu en puissance à chaque succès jusqu’à atteindre son seuil de remplissage après quoi la protection deviendra  inactive sans pour autant que soient libérés les esprits.
– En cas d’échec, la bouteille se brise ou se fend et la magie de protection s’évanouit dans les airs.

Ouvrir une bouteille de protection sans précaution peut s’avérer très dangereux… enfin, si elle est « habitée ! ». Une détection de la magie n’apportera aucune information viable puisque la bouteille est par essence, magique ! Le recours à une magie divinatoire peut éclairer sur son remplissage actuel. Mettre la bouteille en présence d’un esprit également… si ce dernier ne subit pas d’agression, alors la bouteille est surement pleine !  Si une tentative d’emprisonnement est déclenchée par la présence de l’esprit alors l’observateur devra être particulièrement attentif pour essayer de discerner les ombres au sol et deviner quelles créatures et combien d’entre elles sont déjà dans la bouteille.

Une bouteille pleine d’esprits est très recherchée des enchanteurs qui l’utilisent comme composante pour des rituels à fort enjeu. Les esprits emprisonnés peuvent également être soumis à la volonté de l’enchanteur après une ouverture fort délicate de la bouteille de protection… ces derniers seront affaiblis pendant quelques heures encore. 

Si comme moi, vous pensez pouvoir trinquer à la santé des PJ en débouchant une bonne bouteille sorcière, lâchez votre imagination et utilisez cet objet au cours d’un scénario. Entre la récupération des composantes, l’enchantement lui même, la découverte d’une bouteille encore active, l’exploitation d’une bouteille pleine, la vision d’une bouteille brisée avec des esprits libérés… les pistes à exploiter ne manquent pas !

J’attends vos commentaires éventuels avec grand plaisir 🙂

Nyogtha – inspiration libre – 

 

 

 

 

Le bavard nocturne

Dans le jeu de rôle, nous exploitons souvent les rêves ou les cauchemars mais plus rarement les causeries incontrôlées durant le sommeil. Les quelques pistes que j’évoque dans cet article montrent pourtant que la matière est fort intéressante et puis, cela change d’une simple rencontre nocturne avec un PNJ ou un monstre !

Voici plusieurs heures déjà que le campement est installé.

Le frugal repas ne suffit pas à lui seul à apaiser la fatigue de la journée et les personnages non encore endormis mènent un ultime combat contre la fermeture de leurs paupières.

Comme d’accoutumée, si la région est hostile, il est probable qu’un tour de garde ait été défini. Toujours est-il que la soirée finira par avoir raison de la fine équipe d’aventuriers qui s’endormira comme un seul homme.

Au beau milieu de la nuit, un des personnages se réveille pour réajuster sa couverture, la traitresse ayant lâchement abandonné la protection rapprochée des pieds du PJ ! Des bruits de voix attirent alors son attention… Une voix familière… Il s’agit en effet d’un des autres personnages du groupe… Des paroles hachées, qui peuvent également interpeler le personnage de garde s’il y en a un (de même qu’il pourrait aussi être le seul à les entendre).

Quelques options amusantes à développer à ce stade :

1/ Le bavard nocturne cause simplement en dormant… mais que révèle-t-il ? Quelle cachotterie peut-il mettre à jour ? Quel quiproquo ses paroles peuvent-elle engendrer ? Un voleur pourrait exprimer par bribe son état d’âme lors d’un récent larcin effectué au détriment de l’équipe « Et ça ? c’est pour qui ?… c’est pour moi ! » … « … doivent pas me voir ! » … « …véritable trésor… »
2/ C’est un lutin dissimulé dans les buissons qui s’amuse à bouger les lèvres du bavard nocturne et à imiter sa voix ! Difficile de le repérer vu que l’attention est portée sur celui qui parle… Que lui fait-il dire ?! Des bêtises, des choses pour semer la dissension dans le groupe… des éléments pour que le groupe s’intéresse à tel ou tel chose qui préoccupe justement le lutin… un moyen de les attirer vers une nouvelle aventure ?
3/ Le bavard nocturne est possédé… L’esprit qui le hante a baissé sa vigilance et le possédé en profite pour lancer un appel au secours plus ou moins clair… Peut-être même que sa voix n’a pas tout à fait les mêmes intonations, la même tessiture ? Dans tous les cas, cet événement devrait attiser la vigilance des aventuriers.
4/ Dans la journée, une importante décision a été prise. Le bavard nocturne désapprouvait la décision prise, l’orientation que –lui– proposait était tout autre. Peut-être était-elle meilleure ? Le bavardage nocturne est un excellent moyen de faire de nouveau réfléchir les PJs à cette idée sans être trop directif.

N’hésitez pas à me laisser un commentaire si vous avez d’autres idées ou tout simplement pour me dire ce que vous en pensez.

Nyogtha – inspiration libre –